Edgar Morin

Voici des Extraits d’un Texte d’Edgar Morin « Nouvelle civilisation: Aux Oasis ! » : 

  ( Texte entier à lire sur :   www.colibris-lemouvement.org/magazine/edgar-morin-aux-oasis   )

( j’ai condensé les extraits et un peu épuré et ré-écrit quelques phrases, pour que ce soit plus concis).

 

La France est un désert de la pensée politique où la recherche de voies nouvelles

se fait et s’expérimente au niveau des associations et initiatives de la société civile

mais celles ci n’ont pas pu se mettre en synergie, et la route sera longue.

Nos sommets politiques et économiques ignorent tout des vies quotidiennes :

ils vivent dans leur bulle et connaissent du monde les chiffres de leurs experts.

Faisons nos propres bulles de vie…

 

Contournons les interdits absurdes, sachons désobéir quand il le faut (cf. le "Petit manuel de désobéissance citoyenne" de William Bourdon), devenir des lanceurs d’alerte là où nous voyons que la course aux hyper-profits et la multi-surveillance menacent nos droits et nos libertés.

Refoulons progressivement l’économie vouée au seul profit.

Résistons si possible aux normes et contraintes des usines et bureaux.

Montrons que l’obéissance et la soumission diminuent l’efficacité.

Pensons Satisfaction et initiative.

 

Tout en demeurant des citoyens vigilants et actifs, aménageons dans notre présent des oasis de convivialités pour nous protéger du calcul aveugle à l’humain, qui nous transforme en objets, de la compétitivité, de la rationalisation, de la marchandisation, du profit… dans toutes les ramifications de la société.

Encourageons plutôt les initiatives porteuses d’un futur responsable et solidaire

qui, en plus d’être éthiques, épanouissent nos vies.

 

Contrôlons et régulons notre consommation : Autant que possible,

consommons dans les circuits courts, les AMAP, des produits bios ou fermiers,

évitons les objets jetables ou à obsolescence programmée, réparons plutôt que jeter,

achetons dans les commerces de proximité,

soutenons les entreprises citoyennes, les mutuelles et coopératives,

là où l’on respecte le personnel et bénéficie de ses initiatives,

utilisons transports en communs, "vélib", co-voiturage.

Favorisons l’économie participative, les banques à micro-crédit, l’économie circulaire, le télé travail, l’économie écologisée dans la production d’énergie, la dépollution des villes, l’Agro-écologie.

Le seul développement des circuits courts, notamment pour l’alimentation, via marchés, AMAP ou Internet, favorisera la régression de l’hégémonie des grandes surfaces, favorisera nos santés à tous, mais aussi la revitalisation, le ré-emploi et le repeuplement des campagnes, et du péri-urbain… (par des anciens urbains ?).

Produisons là où c’est possible notre propre énergie,

Devenons jardiniers là où c’est possible...

 

Favorisons, développons toutes ces Oasis autant que possible.

Privilégions le bien vivre et le bien être sur la possession seulement matériel.

Retrouvons notre propre nature en retrouvant la Nature,

et retrouvons la Nature en retrouvant notre propre nature.

Face à la cruauté du monde et des Hommes,

il y a l’Amour de la Vie et du vivant.

Allons vers ce qui nous enchante ou nous exalte.

Laissons nous aller à la part ludique de l’existence.

Cherchons l’épanouissement du Je au milieu du multiple.

 

Les merveilles de la vie et des arts sont un moyen de mieux comprendre l’humanité d’autrui,

mais aussi un moyen de mieux plonger dans la diversité des cultures…

Ce qui devrait accéder à la conscience, c’est notre appartenance à l’humanité,

aujourd’hui interdépendante.

Pensons Solidarités locales et grande solidarité qui nous lie à tous les humains.

 

Il faut sauvegarder et planter nous-même les germes de salut d’un monde qui se croit en développement mais qui est en perdition.

 

Dans cette Nouvelle Civilisation,

Nous devons réinstaurer de nouvelles solidarités, des maisons de solidarité, rurales et urbaines.

Nous devons inhiber la vie rationalisée, chronométrée, vouée à l’efficacité.  

Nous devons reconquérir un temps pour nos rythmes propres, ne plus obéir à la pression chronométrique, pouvoir alterner périodes de vitesse (aux vertus enivrantes) avec périodes de lenteur (aux vertus de sérénité).  

 

Enfin, la Nouvelle Civilisation demande une éducation où serait enseignée

la connaissance complexe, qui percevant les aspects multiples, parfois contradictoires d’un même phénomène ou un même individu, permettrait une meilleure compréhension d’autrui et du monde.

Il faut réduire cette peste psychique qu’est l’incompréhension, présente en une même famille, un même atelier, un même bureau.

Il faut enseigner la compréhension de la complexité humaine, la compréhension de sa propre complexité.

Une réforme radicale, à tous niveaux de l’éducation, permettrait d’enseigner à

vivre plus autonome, responsable, solidaire et amical.

 

Cette civilisation du bien vivre aspire à naître.

Ces oasis de vie nouvelle, de formes différentes, sont des petits printemps qui bourgeonnent et risquent la glaciation ou le cataclysme.

Car d’autres forces, économiques, obscures ou obscurantistes, dominent la civilisation actuelle ; elles progressent encore plus vite que les forces de salut, et nous ne savons pas encore si celles-ci pourront accélérer et amplifier leur développement.

Aujourd’hui il faut comprendre l’alternative : nouvelle civilisation ou barbarie.